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464 RÈGNE DE LA TERREUR EN FRANCE.

tiers environ de ces malheureux furent condamnés en raison de leurs richesses quant aux autres, on les immola pour le plaisir de verser du sang. Pour célébrer une fête républicaine, on envoya onze belles jeunes femmes à l’échafaud la douzième, qui était enceinte, fut graciée, mais seulement après qu’on lui eut placé la tête sous la hache de la guillotine. L’État s’empara des biens des condamnés et des fugitifs. Les représentants avaient promis ces biens aux troupes, mais on réussit, grâce à des encans dérisoires, à en gratifier les patriotes favorisés, et cela avec tant d’impudence, qu’une terre qui produisait un revenu de six mille francs était donnée pour dix mille francs en assignats. Paris voyait ce pillage et ces meurtres d’un œil indifférent. Plus la rébellion avait menacé la République, moins les Jacobins ressentaient de compassion pour les Toulonnais. Danton répondit à quelqu’un qui lui demandait de donner des successeurs plus humains à Barras et à Fréron « Ce ne sont pas de tendres jeunes filles qu’il nous faut à Toulon, mais une guillotine et des bourreaux. » « II faut .que les Toulonnais meurent en masse, disait froidement Merlin de Douai, pour que la République possède toute cette côte en pleine sécurité. ))

II semblerait que rien ne pût surpasser de telles atrocités, et cependant c’était peu de chose encore, quant au nombre des victimes et à la cruauté sauvage des meurtriers, auprès des massacres qui terminèrent la guerre de la Vendée. Robespierre, comme nous l’avons vu, avait mis en vigueur dans ce pays, avec une véritable passion, le système d’une terreur exterminatrice il avait fait nommer Rossignol commandant en chef, malgré toutes les attaques portées par les dantonistes contre son incapacité. Il cherchait alors à diminuer l’influence du premier Comité de Salut public mais, quand ces actes portèrent leurs fruits, il était sorti des rangs de l’opposition et avait pris possession du pouvoir souverain. L’attaque de la Vendée s’ouvrit énergiquement, et sur tous les points à la fois, dans la première moitié du mois de septembre. Les troupes républicaines se composaient des armées de Mayence, de Brest, de la Rochelle et de Saumur auxquelles s’étaient jointes les gardes nationales de toutes les provinces environnantes, ce qui faisait soixante-dix mille hommes de ligne et plus de cent mille gardes nationaux.