Page:Sybel - Histoire de l’Europe pendant la Révolution française 2.djvu/499

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LUTTES DE PARTIS ENTRE LES JACOBINS. MS.

jours un rapport sur l’avantage que pourrait tirer la République de la confiscation des biens de tous les suspects. Aux biens de l’Église, confisqués par ~’Assemblée constituante, aux possessions des émigrés, séquestrées par l’Assemblée législative, on allait donc pouvoir ajouter une nouvelle masse de richesses, tout aussi considérable que les deux premières. Il s’agissait des biens de deux. cent mille hommes environ, nombre qui pouvait être arbitrairement augmenté à chaque instant; puisqu’il dépendait du bon plaisir de chaque comité révolutionnaire de faire arrêter comme suspect tout citoyen riche ou hostile (1). Quelque séduisante que fût une proie aussi colossale, ce projet resta plusieurs semaines à l’étude au Comité de Salut public mais Saint-Just, à peine arrivé, s’en empara avec toute l’orgueilleuse dureté qui lui était propre. Il n’hésita pas un instant à se prononcer en faveur de la confiscation des biens. < Les propriétés des patriotes sont sacrées, dit-il; mais celles des aristocrates doivent revenir à la République, pour l’aider à sub. venir aux frais de la guerre allumée par ces derniers. t Il voulait également disposer des personnes de ses adversaires, et con" traindre les suspects à prendre part aux travaux de construction qui s’exécutaient sur les routes et dans les forteresses; mais c’en était trop, même pour ses amis du Comité, et il dut, non sans regret, renoncer à cette partie de son projet. Toutefois, la Convention décréta le 26 février, sur sa proposition, que les sus- pects seraient détenus jusqu’à la paix, puis ensuite bannis à perpétuité, et que leurs biens seraient confisqués au profit des patriotes pauvres.

Cette dernière phrase, qui semblait attribuer le butin, non au fisc mais aux prolétaires, devait, on le devine sans peine, exercer la plus grande influence sur la lutte ouverte entre les factions démocratiques. La situation économique du peuple était plus triste que jamais; malgré toutes les avances déjà faites, l’approvisionnement de Paris s’arrêtait sur tous les points; le gouvernement avait été obligé d’adoucir la loi sur les accapareurs et d’étendre aux prix de main-d’œuvre le grand tarif du maximum. Les classes pauvres ne manquaient donc pas de motifs (~ VoyMicfappoft d’Oudot a la Convention nationalp, ~novembre 179A.