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56 COMMENCEMENT DE LA GUERRE ANGLO-FRANÇAISE.

mille soldats et dix-sept mille matelots, effectif dont la faijblesse témoignait, mieux que ne l’eussent pu faire toutes les protestations, des paisibles dispositions du ministère. Quelques semaines s’écoulèrent avant que ces bills fussent revêtus des formes légales par le Parlement; mais, dès le premier instant, personne ne put douter du succès. L’Angleterre, subitement arrachée à un profond repos, se montrait à l’Europe, non armée encore, toujours disposée à la paix, mais ferme dans la résolution de ne laisser attaquer en quoi que ce fût son indépendance ou ses alliés. L’impression produite par ce changement fut prompte et puissante à Paris; le peuple y sentit immédiatement qu’il avait rencontré un adversaire prêt opposer au feu volcanique de la Révolution une résistance calme mais aussi inébranlable que le rocher.

Le ministère français reçut le premier avis positif du revirement qui venait de s’opérer dans la situation le 5 décembre, immédiatement après la proclamation royale, presque au même instant que les tristes nouvelles de Francfort. On examinait précisément alors la proposition de Dumouriez relativement à la Hollande; la conclusion de cet examen ne pouvait plus dès lors être douteuse.

Dans le désir de laisser les événements se dessiner en Angleterre et d’augmenter les forces françaises sur le Rhin, on informa Dumouriez que le ministère ne rejetait nullement ses projets sur la Hollande, mais qu’il regardait comme plus urgent, pour le moment, de s’en tenir à l’ancien plan de campagne et de repousser les Autrichiens au delà du Rhin (1). On se félicita doublement de cette résolution lorsque arriva, le 7, une dépêche. plus détaillée, dans laquelle Chauvelin rendait compte d’un entretien qu’il avait eu avec Fox et Sheridan; ce que ces chefs de l’opposition anglaise lui avaient dit dans cette entrevue ressort clairement de cette circonstance que le ministère procéda immédiatement à une nouvelle délibération au sujet de l’entreprise proposée contre la IIollande, et qu’il déclara aussitôt après à Chauvelin que ce projet était complètement abandonné.

(1) Protocoles du conseil des ministres, aux archives importâtes de Paris. PacliC âDu!nouriez,6decembrc.