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PROCÈS DE LOUIS XVI. ~8

ouvertement à Danton la même horreur qu’à Robespierre et à Marat. Les conséquences de cette conduite se firent sentir surle-champ. Afin de frayer aux assemblées primaires le chemin que l’on désirait leur voir suivre, Buzot fit, le 9 décembre, la déclaration suivante à la Convention <: Le peuple souverain a, dans ses assemblées primaires, le droit de rappeler ses représentants, lorsque ceux-ci trahissent la patrie. ib Dans le premier moment, Buzot, grâce à quelques lieux communs sur la souveraineté du peuple, obtint l’assentiment de la Convention; mais à peine le décret fut-il formulé, que le soupçon et la contradiction s’élevèrent contre lui avec une telle violence, qu’il s’empressa lui-même de demander l’ajournement de la question.

Cependant l’attention était éveillée; non-seulement la gauche, mais une grande partie du centre ne voulut plus dès lors entendre prononcer le mot d’assemblées primaires, convaincu que les Girondins, par le moyen de ces assemblées, aspiraient à transformer la Convention à l’avantage de leur domination exclusive. Ce parti s’était donc complètement isolé dès les premiers pas, et ses spéculations particulières sur les assemblées primaires, quoique insignifiantes en elles-mêmes, avaient suffi pour priver Louis XVI de cette dernière chance de salut. Les Jacobins, avec leur coup d’œil expérimenté, se rendaient parfaitement compte de tout cela et suivaient une route diamétralement opposée. Ce qui les inquiétait, ce n’était pas la disposition d’esprit de départements éloignés et divisés par de nombreux partis et des désordres intérieurs; c’étaient les troupes de ligne qui se trouvaient à Paris (1), et, par-dessus tout, les bandes des fédérés dévoués aux Girondins. Ici se montra alors l’importance que la nouvelle position de Pache lui donnait par rapport aux événements intérieurs. Il délivra presque entièrement les Jacobins de la crainte des troupes de ligne, en se déclarant prêt à les éloigner dès qu’on lui en fournirait un prétexte plausible; or, ce prétexte pouvait être offert chaque jour par les vides faits dans les différentes armées. Quant aux fédérés, il s’agissait de les travailler et de les gagner à la cause du peuple par des moyens (1} 2400 hommes de gendarmerie, 2600 de cavalerie. Rapport de la Commune à la ConveatioN, 5 janvier.