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79 COMMENCEMENT DE LA GUERRE ANGLO-FRANÇAISE.

les riches sans enfants, le don de dots fait par l’État aux fiancés de la classe populaire, l’abolition au profit de l’État du droit d’héritage des collatéraux, rétablissement d’un impôt progressif sur le superflu des riches. Tout cela ne servit à rien. Les tribunes répondaient toujours par ce cri « que Louis soit jugé que quiconque ne condamnera pas Louis ait la tête tranchée Dans les rues, la fureur n’était pas moins grande. Un citoyen entendit sur la terrasse des Tuileries, le jour même de l’interrogatoire du roi, quelques canonniers former le plan de tuer Louis le 26, à son retour de l’Assemblée; ils paraissaient sûrs de leur affaire, et ajoutaient que, naturellement, il y aurait un grand tumulte, à la faveur duquel on pourrait se débarrasser des députés monarchiques. Ce qui était surtout inquiétant, c’est que ces hommes semblaient compter sur les fédérés. Roland en fut informé; mais il se rassura, grâce à cette autre nouvelle que les fédérés ne prenaient part aux intrigues que pour les déjouer plus sûrement. D’ailleurs, comme les chefs de la Montagne tenaient beaucoup plus à une exécution publique qu’à un assassinat, il ne fut pas difficile d’étouffer ce complot (1).

Le 25 au soir, les Jacobins remplirent de leurs bandes les tribunes de la Convention, afin de n’y laisser pénétrer de toute la nuit aucun partisan du roi car, s’ils repoussaient l’idée d’assassiner Louis XVI, ils ne voulaient épargner aucun moyen pour contraindre les juges à prononcer un arrêt de mort. Dans une telle situation, le discours du défenseur du roi, de Sèze, jeune avocat parisien d’une grande réputation, que la foule avait souvent jadis porté en triomphe au sortir de l’audience, ne fut qu’une preuve de talent et d’intrépide courage léguée à l’histoire et à la postérité, et n’eut aucune influence sur le procès (2). Cependant, ce discours impressionna tellement les auditeurs, que la Montait) Protocoles du conseil des ministres, 24 décembre. Matesberbes, défenseur du roi, reçut les mêmes nouvelles le 23.

(2) Le vénérable Matesherbes, ami de Turgot, qui s’était offert de lui-même au foî comme défenseur, ne put parler. Target avait décliné cette mission, non par lâcheté, comme Wachsmuth l’a répète dans son Histoire de la ~Meo~Mf:ott /)’atipMt’.M, d’après Montgaillard, toujours si éloigné de la vérité, mais parce que, étant malade, il craignit de ne pas bien s’acquitter de cette tâche. Il eut d’ailleurs le bsrdi courage de faire imprimer un écrit fort énergique en faveur de Louis XVI, et de le faire colporter parmi les masses populaires au moment de leur plus violente irritation. (Nettement, .~Mc/f~M)* Girondins, 90.)