Page:Töpffer - Voyages et aventures du docteur Festus, 1840.djvu/157

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rendit aussitôt, sans chapeau, sans perruque, en robe du matin, et avec tous les signes d’un grand désordre physique et moral.

IX.

Guignard étant extraordinairement ému, et de plus très-essoufflé, ne put de long-temps rien articuler ; en sorte qu’il était réduit à gesticuler. Il montrait du doigt le plafond, puis le rabaissait vers la terre, puis des deux mains figurait un choc, puis il recommençait ; jusqu’à ce que cette pantomime, ayant excité l’hilarité de l’assemblée, il s’ensuivit un rire universel si éclatant, que la maison en vibrait sensiblement, et que Guignard ravalait des lobes énormes de bile aigrie. À la fin ayant retrouvé son souffle : Riez, Messieurs ; leur cria-t-il, la comète opaque n’est plus qu’à six millions de lieues ! Riez bien ! Elle fait vingt lieues par seconde ! Riez donc ! Notre planète va être anéantie ! Riez à présent ! ! !

Pendant que Guignard parlait ainsi, les savans consternés de peur et saisis d’un mal de ventre aigu, s’étaient levés comme un seul homme pour aller faire leur testament. Dans leur empressement ils culbutaient parmi les chaises, et les plus