Page:Töpffer - Voyages et aventures du docteur Festus, 1840.djvu/172

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gubre accent : Ah ! mon astre ! mon astre ! Madame Apogée lui fit aussitôt avaler des boissons chaudes, pendant qu’on lui frictionnait le derrière avec un étui de lunette en peau de chagrin, et que deux aides-chirurgiens lui appliquaient les ventouses, tandis qu’un troisième lui ajustait, d’autre part, un remède rafraîchissant. Ah ! mon astre ! mon astre ! disait-il. Et madame Apogée, en peignoir, lui répétait chaque fois : Console-toi, Salomon, il en viendra d’autres.

Tout-à-coup M. Apogée se leva en sursaut, ce qui jeta par terre ses opérateurs, et dit : Bien ; laissez-moi. Il se rendit ensuite à son bureau, où il écrivit à tire de plume un mémoire de trois coudées, dans lequel il établissait jusqu’à l’évidence :

1° Que l’astre ayant un mouvement propre extraordinairement rapide (cent mille lieues par seconde), il n’était déjà plus visible pour notre terre.

2° Qu’ayant calculé la courbe, l’astre ne reviendrait qu’après trois mille milliards d’années, l’orbite étant extraordinairement alongé.

Il lut ce mémoire à l’Institut, et voyant son honneur à couvert pour trois mille milliards d’années, il rentra chez lui frais, dispos, guéri et comte.


FIN DU CINQUIÈME LIVRE