Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 2, 1748.djvu/392

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Et si comme eux armé vous célébrez la Fête,
Où suivant ses Statuts Rome aujourd’hui s’apprête.
C’est ce qui fait sa peine, et j’aurois cru manquer,
Si j’avois pu, Seigneur, ne vous pas l’expliquer.

COMMODE

Oui, sans doute,
ÉLECTUS
, j’ai tout sujet de croire

Que votre zèle ici n’agit que pour ma gloire.
J’ai toujours avec joie écouté vos avis,
Et ce sont presque en tout les seuls que j’ai suivis ;
Mais changer un dessein où Rome s’intéresse,
C’est en flattant ses vœux montrer trop de foiblesse.
Son orgueil plus avant pourroit se hasarder,
Et qui doit obéir prétendroit commander.

ÉLECTUS

Non, Seigneur, son respect toujours ferme et sincère
Attache tous ses soins à celui de vous plaire ;
Mais elle ose penser que suivi du Sénat
Un illustre Empereur marche avec plus d’éclat ;
Qu’en ce noble appareil c’est sous d’heureux auspices
Qu’il peut offrir aux Dieux de justes sacrifices,
Et que cette présence est comme un fort secours
Qui rend le Ciel propice au bonheur de ses jours.
Outre qu’un juste effroi la pressant pour les vôtres,
Elle tremble à vous voir les confier à d’autres,
À des hommes sans foi, dont les sanglants combats
Portent sans peine au meurtre, et le cœur, et le bras.
Ce péril est pour elle une trop vive atteinte.
Daignez vous l’épargner pour épargner sa crainte,
Et ne rejetez point un zèle officieux
Qui met en sûreté des jours si précieux.

COMMODE

Et bien, il faut céder aux avis qu’on m’en donne,

ÉLECTUS
le croit juste, et Rome nous l’ordonne.
ÉLECTUS

N’ayant plus rien pour vous, Seigneur, à redouter,
Sa joie au sacrifice aura lieu d’éclater.