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ACTE III



Scène I

HELVIE
,
FLAVIAN
,
JULIE

HELVIE

Quoi vers moi,
FLAVIAN
, l’Empereur vous envoie,

Il veut que de nouveau ma fierté se déploie,
Et qu’un second refus serve à mieux découvrir
Que je suis au-dessus de ce qu’on vient m’offrir ?

FLAVIAN

Je n’examine point par quelle grandeur d’âme
Vous mépriser le Trône en méprisant sa flamme,
Mais quelque noble orgueil qui nous puisse animer,
On doit feindre souvent si l’on ne peut aimer.

HELVIE

Moi, que par une basse et molle complaisance
Je consente à trahir les droits de ma naissance,
Et montre un cœur d’esclave à qui m’a pu juger
Digne de la grandeur qu’il songe à partager !
Non, si j’ai rejeté d’abord le Diadème,
L’honneur veut que toujours je demeure la même,
Et ne sauroit souffrir que ce cœur combattu
Par sa légèreté démente ma vertu.

FLAVIAN

Le dessein seroit beau, si votre résistance
Pouvoit de l’Empereur vaincre la violence ;
Mais vous savez, Madame, où l’a souvent porté
L’inexorable abus de son autorité.
Aussitôt qu’il ordonne, il veut qu’on obéisse,
Son pouvoir est sa règle, et non pas la justice,