Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 2, 1748.djvu/417

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FLAVIAN

Quelle en est la rigueur et pour l’un et pour l’autre !
L’Empereur veut du sang, mais ce n’est pas le vôtre,
Et si vous n’en changez l’impitoyable arrêt,
Celui de Pertinax est le seul qui lui plaît.

HELVIE

De mon Père ! Ah, je tremble, et ma raison s’égare,
D’un barbare Tyran ordre vraiment barbare !

Hélas ! Et
FLAVIAN
s’en est voulu charger ?
FLAVIAN

D’assez fortes raisons m’y devoient obliger.
J’empêche au moins par là qu’une main plus hardie
N’en presse en Pertinax la noire perfidie,
Et ne pouvant enfin oublier aujourd’hui
Qu’en cent occasions j’ai commandé sous lui,
Je périrai plutôt que de sa mort complice,
On en puisse à mon bras reprocher l’injustice.
Mais hélas ! Votre sort en sera-t-il plus doux ?
Sans le pouvoir sauver c’est me perdre avec vous.
Un autre à mon refus, plein d’une lâche audace…

HELVIE

Ah, je puis, et j’en dois empêcher la menace.

FLAVIAN

Madame, je vais donc assurer l’Empereur…

HELVIE

Que tout mon sang est prêt d’assouvir sa fureur,
Que pour le satisfaire il n’est tourment ni peine…

FLAVIAN

Pour fléchir sa rigueur votre espérance est vaine.
Piqué que son amour n’ait pu rien obtenir,
Par la perte d’un Père il croit mieux vous punir,
Et si pour son hymen vous n’êtes toute prête,
Je ne puis le revoir qu’en lui portant sa tête.
Avec de tels transports il l’a su commander
Qu’à moins qu’on ne lui cède…

HELVIE

Et bien, il faut céder.