Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 2, 1748.djvu/422

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Ta honte est attachée à celle qu’il m’apprête ;
Pour te justifier apporte-moi sa tête,
Et d’un noble courroux te laissant enflammer
Parais digne aujourd’hui d’avoir osé m’aimer !
Pour moi contre un Tyran c’est lui que tu dois croire,
Je te l’ai déjà dit, il y va de ta gloire,
Et s’il faut t’exciter où t’excite l’honneur,
J’oserai te le dire, il y va de mon cœur.
Dans les doux sentiments que ma vertu te cache
C’est à toi qu’il est dû quand il sera sans tache,
Et que ton bras vengeur, prompt à me secourir,
M’aura mise en état de te l’oser offrir.

ÉLECTUS

Ah, quelque rude effort dont la rigueur l’opprime,
Ne mettez point si bas un cœur si magnanime.
Il est toujours d’un prix trop haut, trop relevé…

MARCIA

Non, non, ton intérêt doit être conservé,
En vain du tien séduit la flamme trop ardente
T’en fait encor tenir la conquête éclatante,
Dans le honteux revers qui dégage ma foi
Le rebut d’un Tyran est indigne de toi.
Purge-le par sa mort d’une tache si noire,
Pour l’oser accepter rends-moi toute ma gloire,
Et d’un indigne affront confondant l’attentat,
Joins un éclat plus vif à son premier éclat.

ÉLECTUS

Hélas !

MARCIA

Quoi, ton ardeur pour moi toujours si prompte,
Ne m’offre qu’un soupir à réparer ma honte,
Et quelque dur mépris qui me force à rougir,
Tu me trouves à plaindre, et dédaignes d’agir.
Quelle suite attachée à mon malheur extrême
Fait qu’inutilement je te cherche en toi-même ?

Qu’as-tu fait d’
ÉLECTUS
, et dans ce triste jour

Que devient sa vertu ? Que devient son amour ?