Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 2, 1748.djvu/480

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Et de nos passions les motifs différents
Sont autant de secrets dont ils se font garants.
Ainsi quoi qu’à vos feux le Roi mette d’obstacle
Puisqu’ils les ont fait naître, espérez un miracle,
Et que de leur secours vos désirs secondés
Obtiendront le succès que vous en attendez.

STATIRA

Dans l’espoir que pour moi l’amitié vous ordonne,
Songez-vous que le Ciel me garde une Couronne,
Et qu’esclave d’un rang qui m’en acquiert les droits,
Je forme des désirs dont je n’ai point le choix ?

AMESTRIS

Pour peu que ces désirs avec mes soins s’entendent,
Mon zèle vous répond de tout ce qu’ils prétendent,
Et j’espère qu’un jour la Perse avec plaisir
Couronnera le Roi que j’ose lui choisir.
Daignerez-vous, Madame, en accepter l’augure ?

STATIRA

S’il me trompe, du moins j’en aime l’imposture,
Et Codoman peut tant… mais adieu, je le vois,
Vous apprendrez de lui les sentiments du Roi.
Pour moi, qu’en son destin trop d’ardeur intéresse,
Je fuis ce qui m’expose à montrer ma foiblesse.


Scène II


Amestris, Darius.

AMESTRIS

Tu triomphes enfin, Codoman, et ton feu
D’une auguste Princesse a mérité l’aveu.
Si lorsque tu parois, sa retraite trop prompte
T’en ôte la douceur pour te cacher sa honte,
C’en doit être une au moins pleine d’appas pour toi
Qu’elle ait pu confier son secret à ma foi.