Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 2, 1748.djvu/516

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Engager mes Sujets à le vouloir pour Maître !
Les liguer ! Les séduire ! Il en mourra, le traître.

AMESTRIS

Seigneur, si l’apparence est seule à consulter,
Darius est coupable, on n’en sauroit douter,
D’un Peuple soulevé son nom a fait le crime ;
Mais avant que noircir un cœur si magnanime,
Songez pour vous cent fois de quelle ardeur pressé…

OCHUS

Par son lâche projet il a tout effacé.
C’est votre sang, Seigneur, forcez-vous à l’entendre.

OCHUS

Moi connoître mon sang en qui le veut répandre ?
Non, non, votre pitié ne peut rien obtenir ;
Qui conspiroit ma perte, a dû me prévenir.

AMESTRIS

Ah, Seigneur, pourriez-vous envier à la Perse
Les restes précieux du beau sang d’Artaxerse,
L’objet de son amour, l’héritier de ses Rois ?
Pour vous le demander elle emprunte ma voix,
C’est par moi qu’elle parle ; approche, Mégabise,
Viens appuyer l’effort où le sang m’autorise,
Viens aux pieds de ton Roi m’aider à le forcer…

OCHUS

Vous croyez jusque-là qu’il se pût abaisser,
Et qu’après un dessein qui rend sa gloire entière,
Il voulût lâchement descendre à la prière ?
Non, quand son repentir croiroit obtenir tout,
L’orgueil de sa grande âme ira jusques au bout.
Remarquez sur son front quelle insolente audace,
Ayant manqué le coup, porte encor la menace.
Voyez peinte en ses yeux par un secret transport
L’avidité du Trône, et l’ardeur de ma mort.
Déjà depuis longtemps que cette ardeur le gêne,
S’il n’eût craint Codoman, elle eût été certaine.
Pour rendre ses projets un peu plus assurés
Il voulut l’attirer parmi les Conjurés,