Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 2, 1748.djvu/615

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Ils auront beau donner leur sang à leur devoir,
Le zèle est inutile où manque le pouvoir.
Pour moi qu’à fuir soudain la crainte a condamnée,
Plaignant de l’empereur la triste destinée,
J’ai long-temps au palais publié son trépas,
Sans pouvoir bien connoître où je portois mes pas.

PLACIDIE

Ah ! Rien n’a pû sans doute empêcher ce grand crime,
L’empereur à leur rage a servi de victime ;
C’en est fait, et mon cœur par un traître abusé
Voit trop tard dans ce mal l’erreur qui l’a causé.
À moi-même, à mon sang, à tout l’état perfide,
Pour le croire innocent, j’ai fait son parricide,
Et l’appui criminel que j’osois lui prêter,
Suspendant son arrêt, a tout fait éclater.

Stilicon

Madame, pardonnez dans un sort si contraire
À la stupidité qui me force à me taire.
Je vois d’un noir complot le surprenant effet,
Et ma raison se perd dans l’horreur du forfait ;
Mais ce qui le suivra vous va faire connoître
Ce que je prends de part dans la mort de mon maître,
Et si par l’attentat son destin avancé…


Scène IV


Honorius, Stilicon, Placidie, Lucile.

HONORIUS

Ne crains rien, Stilicon, le péril est passé,
Et la faveur du ciel t’a conservé ce maître,
Dont la mort te livroit aux attentats d’un traître.

PLACIDIE

Ah, seigneur, vous vivez !