Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/250

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Que si son changement a causé sa retraite,
Pour me dégager d’un ingrat,
Arrachez-moi du cœur cette flamme indiscrète
À qui je n’ai déjà souffert que trop d’éclat.
Voilà ce qui m’amène, et sur quelle espérance
J’ose recourir à votre art.

circé

Prenez sur Mélicerte une entière assurance.
Quoi qu’à ne voir que l’apparence
Vous avez pu trouver du crime en son départ,
Je vous réponds de sa constance.

silla

Ah, puisqu’il me garde sa foi,
Pour le trouver, Madame, où faut-il que je vole ?

circé

Et le Prince de Thrace ?

silla

Il soupire pour moi ;
Mais il n’est rien que je n’immole
Au beau feu dont je suis la loi,
Et s’il espère encor, c’est un espoir frivole.

circé

Demeurez dans ses sentiments,
Et pour prix d’une ardeur si belle,
Je vais vous faire voir Mélicerte fidèle
Dans les plus vifs empressements
Que vous puissiez attendre de son zèle.
Suivez-moi.