Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/284

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silla

Si vous le connoissez, vous pouvez m’épargner
Ce qu’un fâcheux Objet cause d’impatience.

mélicerte

Quoi, jusque-là me dédaigner !
De mon fidèle amour est-ce la récompense ?
Après avoir pour vous si longtemps soupiré,
Après…

silla

Finissons là, de grâce.
Quand vous aurez bien murmuré
De voir un rival préféré,
Les choses ne sont pas pour prendre une autre face.
Si pour vous un autrefois mon cœur s’est déclaré,
Ce cœur sent aujourd’hui qu’un autre vous efface,
Et ce trouve contraint, quoi qu’il vous ait juré,
À donner au Prince de Thrace
Ce qui vous sembloit assuré ?

mélicerte

Quel aveu ! Quoi, Madame, il se peut que vous-même
Vous m’osiez prononcer l’arrêt de mon trépas ;
Et malgré mon amour extrême,
La honte de changer a pour vous tant d’appas,
Que vous la regardez comme un bonheur suprême
Qui remplit tous vos vœux ? Hélas !
Quand malgré les Amours dont l’injuste puissance
M’empêchoit de vous approcher,
Vous m’assuriez tantôt d’une entière constance,
Ce rival qui vous est si cher
Méritoit-il la préférence,
Lui qui jamais n’avoit su vous toucher ?

silla

Les amours l’ont cru nécessaire ;
Et si mon cœur change de vœux,
Ce changement n’arrive que par eux,
Leur conseil m’autorise à ce que j’ose faire.
Ils m’ont fait voir votre rival