Page:TMI - Procès des grands criminels de guerre devant le Tribunal militaire international, vol. 1, 1947.djvu/242

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Le Pacte Tripartite entre l’Allemagne, l’Italie et le Japon avait été signé le 27 septembre 1940, et, depuis cette date jusqu’au jour de l’agression contre l’URSS, von Ribbentrop et d’autres accusés s’efforcèrent d’inciter le Japon à s’emparer des possessions britanniques en Extrême-Orient. Cela, pensait-on, précipiterait la défaite de l’Angleterre et empêcherait les États-Unis d’entrer en guerre.

La possibilité d’une attaque directe contre les États-Unis fut envisagée et discutée comme une question à réserver pour l’avenir. Le commandant von Falkenstein, officier de liaison de la Luftwaffe auprès de l’État-Major des opérations de l’OKW, résumant en octobre 1940 à Berlin les problèmes militaires qu’il était nécessaire d’examiner, parla de la possibilité « de poursuivre la guerre contre l’Amérique à une date ultérieure ». Il est d’autre part évident que la politique allemande, consistant à faire obstacle si possible à l’entrée de l’Amérique en guerre, n’a pas empêché l’Allemagne de promettre son appui au Japon contre les États-Unis. Le 4 avril 1941, Hitler, en présence de von Ribbentrop, disait au ministre des Affaires étrangères japonais Matsuoka que l’Allemagne « frapperait sans attendre » si une attaque de Singapour par les troupes japonaises devait conduire à une guerre entre le Japon et les États-Unis. Le lendemain, von Ribbentrop lui-même insista auprès de Matsuoka pour qu’il entraînât le Japon dans la guerre.

Le 28 novembre 1941, dix jours avant l’attaque de Pearl Harbor, von Ribbentrop encourageait le Japon, par l’intermédiaire de son ambassadeur à Berlin, à attaquer la Grande-Bretagne et les États-Unis : il déclara que, si le Japon entrait en guerre contre les États-Unis, l’Allemagne interviendrait immédiatement. Quelques jours plus tard, des représentants japonais informèrent l’Allemagne et l’Italie que leur pays se préparait à attaquer les États-Unis et leur demandèrent leur appui. L’Allemagne et l’Italie y consentirent, bien qu’aux termes du Pacte Tripartite, elles ne se fussent engagées à assister le Japon que s’il était attaqué. Quand l’agression contre Pearl Harbor eut lieu, von Ribbentrop devint, a-t-on dit, « fou de joie » et, plus tard, lors d’une cérémonie à Berlin au cours de laquelle une décoration allemande fut décernée à l’ambassadeur japonais Oshima, Hitler fit connaître son approbation de la tactique adoptée par les Japonais dans leurs négociations avec les États-Unis, tactique qui avait consisté à faire traîner les choses en longueur et à frapper durement sans déclaration de guerre.

Bien qu’il soit vrai que Hitler et ses complices n’aient pas tout d’abord pensé qu’un conflit avec les États-Unis servirait leurs intérêts, il est évident qu’au cours de l’année 1941, leur point de vue changea et qu’ils encouragèrent le Japon, de toutes les façons possibles, à adopter une politique qui devait amener presque certainement les États-Unis à entrer en guerre. Et lorsque le Japon attaqua la flotte