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TABLEAU DE LA FRANCE.


en 1491, par trois mille deux cent cinquante-deux monastères. Ce sont les moines de Cîteaux qui, au commencement du XIIIe siècle, fondèrent les ordres militaires d’Espagne, et prêchèrent la croisade des Albigeois, comme saint Bernard avait prêché la seconde croisade de Jérusalem. La Bourgogne est le pays des orateurs, celui de la pompeuse et solennelle éloquence. C’est de la partie élevée de la province, de celle qui verse la Seine, de Dijon et de Montbar, que sont parties les voix les plus retentissantes de la France, celles de saint Bernard, de Bossuet et de Buffon. Mais l’aimable sentimentalité de la Bourgogne est remarquable sur d’autres points, avec plus de grâce au nord, plus d’éclat au midi. Vers Semur, Mme de Chantal, et sa petite fille, Mme de Sévigné ; à Mâcon, Lamartine, le poëte de l’âme religieuse et solitaire ; à Charolles, Edgar Quinet, celui de l’histoire et de l’humanité[1].

La France n’a pas d’élément plus liant que la Bourgogne, plus capable de réconcilier le Nord et le Midi. Ses comtes ou ducs, sortis de deux branches des Capets, ont donné, au XIIe siècle, des souverains aux royaumes d’Espagne ; plus tard, à la Franche-Comté, à la Flandre, à tous les Pays-Bas. Mais ils n’ont pu descendre la vallée de la Seine, ni s’établir dans les plaines du centre, malgré le secours des Anglais. Le pauvre roi de Bourges[2], d’Orléans et de Reims, l’a emporté sur le grand-duc de Bourgogne. Les communes de France, qui avaient d’abord soutenu celui-ci, se rallièrent peu à peu contre l’oppresseur des communes de Flandre.

Ce n’est pas en Bourgogne que devait s’achever le destin de la France. Cette province féodale ne pouvait lui donner la forme monarchique et démocratique à laquelle elle tendait. Le génie de la France devait descendre dans les

  1. Notre cher et grand Quinet, né à Bourg, a été élevé à Charolles. App., 34.
  2. Charles VII.