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Page:Tabourot - Les Bigarrures et Touches du seigneur des Accords - 1640.djvu/146

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Il y eut jadis en une Senechaussée un Sergent Royal, (je ne croy pas que ce fut Toussainct Patris, car il estoit trop de mes amis) auquel le Lieutenant ayant enjoint d’aller crier l’arriereban, faisant un Equivoque de l’aureille, il se mit à crier alarme tant qu’il peut, derriere le ban ou l’on estoit assis.

Azo & Lothaire, les deux plus grands Jurisconsultes de leur siecle, estant entrez en dispute, Sçavoir si la puissance du glaive est propre au Prince Souverain, & si les Magistrats n’ont que la simple exécution d’icelle, ou bien si les Magistrats ont aussi bien cette puissance, quand elle leur est communiquee par le Prince, firent gageure d’un cheval, & choisirent pour juge de leur different, Henry 7. Empereur : lequel jugea suivant la premiere opinion, qui estoit celle de Lothaire, laquelle neantmoins estoit contre celle de toute la commune de ce temps-là. De sorte que on fit un Proverbe, & disoit on que Lotharius iniquum dixerat & equum tulerat, Azo verò aquum dixerat & iniquum tulerat. Alciat. l. 2. c. 3. de ses Parad. le rapporte, mais le tres sçavant Bodin l. 3. c. 5. de sa Repub, monstre bien comme neuter equo dignus erat.

L’on dit en un Equivoque Latin aussi que,

Vitis amat colles.

Ce que par Equivoque aucuns rapportent à caules, qui sont néantmoins les mortels ennemis de ceste divine plante, au lieu que la montagnette exposée à l’Orient, est la vraye resjouïssance d’icelle, que je monstreray au chapitre du vin. J’ay veu quelques uns qui font un Equivoque de ces mots : J’ay et Geay, en latin gratulus, et disent : Si je faisois ce que Geay fait, je ferois ce que je ne fis jamais ; si je voulois, je les ferois, & si ne le sçaurois faire. On entend Geay au lieu de J’ay, & volous pour voulois.