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Page:Tabourot - Les Bigarrures et Touches du seigneur des Accords - 1640.djvu/158

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Qui voudra reünir avec ruyner mettre
Il verra qu’il n’y a transport que d’une lettre,
Et qu’en reunissant vos ville ruiniez.
Et qu’en les ruinant vous les reünissiez :
Car dans un reünir un ruiner se treuve
Dont vos pauvres sujets ont fait derniere preuve.

Texte.

Et combien que telle inversion d’une lettre seulement puisse aussi bien estre au rang des Anagrammes, si l’ay-je icy rapporté pour un exemple semblable au latin ; d’autant mesmement que si l’on vouloit prendre toutes transpositions de lettres, pour Anagrammes, les Antistrophes & la pluspart des Equivoques y seroient réduits. J’en ay donc fait des chapitres séparez, & mesme de ces Antistrophes que les poètes lyriques grecs prenoient anciennement, pour signifier le retour de leurs dances, exprimé en leurs vers, entre Strophe & Epode, c’est à dire, Tour & Pause. À l’imitation desquels Ronsard le premier a basty des odes à la Françoise. Or, revenant à nostre propos, de ceste inversion de mots, nos pères ont trouvé une ingénieuse et subtile invention : que les Courtisans anciennement appelloient des Equivoques, ne voulans user du mot et jargon des bons compagnons, qui les appelloient des Contre-pèteries. Et n’entendans aussi ce mot Antistrophe, qu’ils estimoient estre le langage inventé de quelque Lifrelofre. C’a esté le gentil sçavant & gracieux Rablais, qui les a premier baptisé de ce propre nom Grec, encor que les Latins l’ayent ordinairement usurpé pour la transposition des noms : comme Petriliber, au lieu de Liber Petri, pource que ailleurs, sinon pour