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Page:Tabourot - Les Bigarrures et Touches du seigneur des Accords - 1640.djvu/163

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sa rude maistresse, laquelle avoit la courante pour avoir trop mangé de fruict, au lieu qu’il disoit seulement, Quand je prise les brunes, la noire me fuyt, pouvoit aussi dire : Quand je brise les prunes, la foire me nuit.

Une vieille redarguant un jeune muguet d’avoir vesné trop ardamment, au lieu de s’excuser du proverbe ordinaire, Qui premier la sent, du cul luy descent, il dit, Ma commere, c’est une vesse fenee, qui sort de fesse venee, comme la vostre.

Un colère qui se plaisoit & baignoit en ses inimitiez, disoit qu’il avoit masché plusieurs fois, d’estre fasché plusieurs mois.

Sa cousine Pisangrine disoit qu’on n’avoit garde de la trouver morte de faim, tant qu’elle seroit forte de main.

Les Espagnols disent ce proverbe commun : Hoy favores, otra dia va fores ; c’est à dire, Aujourd’huy faveur, demain dehors. Voilà une belle contrepeterie, digne d’estre engravée au cœur de nos Courtisans, qui deux jours après qu’ils sont defavorisez, par leurs sottises & peu de respect, ne parlent que de contemptu mundi, & de la beatitude de ceux qui prient Dieu à repos en leur maison : Sed premit alto corde dolore le paiilart :

En un banquet, où j’estois, & notez que l’autheur en tasta (plus agréablement que ne fit Philippes de Commines de la cage de fer), l’on dit à quelqu’un, qui servoit d’un lapin, & oublioit le plus gros & puissant seigneur de la compagnie, Donnez une branche de long sapin à Monsieur, qui est pressé par la dance : On estimoit que ce fust un jargon, mais il fut soudain ainsi réduit, Qu’il baille une tranche de son lapin à monsieur, qui est dressé par la pance.

L’on m’a dit que l’harangueur de la ville de Langres, portant un propos, qu’il recitoit ex scripto, devant Mon-