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Page:Tabourot - Les Bigarrures et Touches du seigneur des Accords - 1640.djvu/239

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Ce que je n’interpreteray pas plus amplement, à cause de l’extreme saleté : Quelque curieux d’en sçavoir d’avantage, pourra consulter l’Italien Ange Politian, ou quelque autre de sa nation.

Je trouve certainement ceste invention industrieuse, & beaucoup plus que ces vers de Trasymache le Sophiste, tant recommandé par les Grecs : lequel, pour exprimer son nom, avoit usé de ceste façon,

Τοὔνομαθῆτα, ῥῶ, ἄλφα σὰν, ὖ, μῦ ἄλφα χεῖοὖσάν.
Πατρίς, χαλκηδων ἡ δὲ τέχνη σοφίη.

Patria Chalcedon, ars mihi sed Sophia.

Il veut dire, Assemblez ces lettres, c’est Thrasymachos. Il me fait souvenir de la vulgaire chanson Tholosane :

Ioane, Ioane presta mé ton cé o ane

Per bouta mon v i té.

Si l’on a fait des vers Acrostiches, aussi a t’on bien fait des livres selon qu’encor nous voyons aujourd’huy l’histoire Ecclesiastique de Nicephore, les Concordances de contrarieté de Bartole, par Antonius Nizellus ou la premiere lettre de chasque chapitre, qu’on a marqué de rouge és anciennes impressions de Venise, porte expressement, Antonius Nizellus Juris vtriusque doctoris Placentini, &c. L’autheur du livre, appellé le Songe de Polyphile, en a fait de mesme, & se lit aux premieres lettres moresques de chacun chapitre, Frater Franciscus Colomna Poliam per amavit. Je trouve, de ma part, ceste invention gentille, afin d’empescher que quelque Corneille Æsopique ne s’attribuë la louange de tels livres : sous ombre qu’ils estimeroient iceux estre anonymes, & sans expression de l’autheur : Et si Heliodore, autheur de l’histoire Æthiopique, eust sçeu ce secret, il eust aysément conservés es livres & son Eves-