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Page:Tabourot - Les Bigarrures et Touches du seigneur des Accords - 1640.djvu/284

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Chanson.

1

Qui les rares faveurs de beauté & de grace ;

Dont nature a orné vostre Angelique face,
Ensorcelé d’Amour, penseroit estimer,
Sembleroit espuiser les ondes de la mer.

2
Qui a veu du soleil l’excellente lumiere,

Il n’a pas encor veu des clartez la premiere,
S’il n’a veu la splendeur & clarté de vos yeux,

Qui sont astres jumeaux plus luysans que les cieux.
3
Vos leures, ma mignonne, & leur peau delicate

Surpassant le coral, la rose, & l’escarlate,
L’huitre vous imitez en baisant de bon cœur
D’un baiser moite & glout de divine liqueur.

4
D’œillet, roses, & fleurs est votre bouche plaine,

Aromats & senteurs respire votre haleine,
Vos soupirs dont Zephirs si soüefvement espars,
Qu’ils font germer en l’air violettes de Mars.

5
Aux perles d’Orient vos dents ostent la gloire,

Vostre col, vostre sein, sont plus blancs que l’yvoire,
Et semble proprement que l’Amour soit assis
Sur les fraizes poussant dessous vostre lassis.

6
Vostre jouë est polie & blanche comme marbre,

Teinte un peu de fleuret de Jacque ou de cinabre,
Vostre beau nez traitis sert de flesche à droit fil
À l’Ebene de l’Arcque fait vostre sourcil.

7
Vos doigts sont les fuseaux, dont vous filez la trame,