Page:Tacite - Œuvres complètes, traduction Burnouf, 1863.djvu/223

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romains, accusés d’avoir eu part à la conjuration. De grandes dépenses et une vie voluptueuse avaient lié Géminius avec Séjan, mais leur amitié n’eut jamais un objet sérieux. Celsus était tribun : il s’étrangla dans sa prison en tirant sur sa chaîne, qu’il trouva moyen d’allonger assez pour se la passer autour du cou. On donna des gardiens à Rubrius Fabatus, sous prétexte que, désespérant de Rome, il fuyait chez les Parthes pour y chercher la pitié. Il est vrai que, surpris vers le détroit de Sicile et ramené par un centurion, il ne put alléguer aucune raison plausible d’un voyage lointain. Cependant on lui laissa la vie, par oubli plutôt que par clémence.

Mariage des deux filles de Germanicus
15

Sous les consuls Serv. Galba et L. Sylla, Tibère, longtemps incertain sur le choix des époux qu’il donnerait à ses petites-filles, et voyant que leur âge ne permettait plus de retard, se décida pour L. Cassius et M. Vinicius. D’origine municipale, et sorti de Calès, Vinicius était fils et petit-fils de consulaires, et toutefois d’une famille équestre ; du reste, esprit doué, élégant orateur. Cassius, originaire de Rome, était d’une maison plébéienne, mais ancienne et décorée ; et, quoique élevé par son père sous une austère discipline, il se recommandait plutôt par la facilité de ses mœurs que par l’énergie de son âme. Il reçut en mariage Drusille, et Vinicius Julie, toutes deux filles de Germanicus. Tibère en écrivit au sénat, avec quelques mots d’éloge pour les époux. Dans la même lettre, après avoir allégué sur son absence de vagues et frivoles excuses, il passait à de plus graves objets, les haines qu’il encourait pour la république, et demandait que le préfet Macron et un petit nombre de centurions et de tribuns pussent entrer avec lui toutes les fois qu’il irait au sénat. Un décret fut rendu dans les termes les plus favorables, sans fixation de l’espèce ni du nombre des gardes ; et Tibère, loin de venir jamais au conseil public, ne vint pas même dans Rome. Tournant autour de sa patrie, presque toujours par des routes écartées, il semblait à la fois la chercher et la fuir.

Lutte contre l’usure
16

Cependant une légion d’accusateurs se déchaîna contre ceux qui s’enrichissaient par l’usure, au mépris d’une loi du dictateur César sur la proportion des créances et des possessions en Italie, loi depuis longtemps mise en oubli par l’intérêt particulier, auquel le bien public est toujours sacrifié. L’usure fut de tout temps le fléau de cette ville, et une cause sans cesse renaissante de discordes et de séditions. Aussi, même