Page:Tacite - Œuvres complètes, traduction Burnouf, 1863.djvu/230

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de sa noblesse : la maison des Émiles fut toujours féconde en grands citoyens ; et, dans cette famille, ceux même qui n’eurent pas de vertus fournirent encore une carrière brillante8.

   8. L’auteur fait allusion surtout au triumvir Lépide et au père du triumvir, Emilius Lépidus, qui, étant consul après la mort de Sylla, réunit les débris du parti de Marius, recommença la guerre civile, et fut battu par son collègue Catulus, d’abord sous les murs de Rome, puis en Étrurie.
Le phénix
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Sous le consulat de Paulus Fabius et de L. Vitellius, parut en Égypte, après un long période de siècles, le phénix, oiseau merveilleux qui fut pour les savants grecs et nationaux le sujet de beaucoup de dissertations. Je rapporterai les faits sur lesquels ils s’accordent, et un plus grand nombre qui sont contestés et qui pourtant méritent d’être connus. Le phénix est consacré au soleil. Ceux qui l’ont décrit conviennent unanimement qu’il ne ressemble aux autres oiseaux, ni par la forme, ni par le plumage. Les traditions diffèrent sur la durée de sa vie. Suivant l’opinion la plus accréditée, elle est de cinq cents ans. D’autres soutiennent qu’elle est de quatorze cent soixante et un. Le phénix parut, dit-on, pour la première fois sous Sésostris, ensuite sous Amasis, enfin sous Ptolémée, le troisième des rois macédoniens ; et chaque fois il prit son vol vers Héliopolis, au milieu d’un cortège nombreux d’oiseaux de toute espèce, attirés par la nouveauté de sa forme. Mais de telles antiquités sont pleines de ténèbres. Entre Ptolémée et Tibère, on compte moins de deux cent cinquante ans. Aussi quelques-uns ont-ils cru que ce dernier phénix n’était pas le véritable, qu’il ne venait pas d’Arabie, et qu’on ne vit se vérifier en lui aucune des anciennes observations. On assure, en effet, qu’arrivé au terme de ses années, et lorsque sa mort approche, le phénix construit dans sa terre natale un nid auquel il communique un principe de fécondité, d’où doit naître son successeur. Le premier soin du jeune oiseau, le premier usage de sa force, est de rendre à son père les devoirs funèbres. La prudence dirige son entreprise. D’abord il se charge de myrrhe, essaye sa vigueur dans de longs trajets, et, lorsqu’elle suffit à porter le fardeau et à faire le voyage, il prend sur lui le corps de son père, et va le déposer et le brûler sur l’autel du soleil. Ces récits sont incertains, et la fable y a mêlé ses fictions. Néanmoins on ne doute pas que cet oiseau ne paraisse quelquefois en Égypte.

Suicides
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Cependant à Rome, où