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Djalma propose à la jeune fille de troquer son charmant prisonnier contre une bague brillante qu’il lui offre en échange.

La jeune fille accepte et s’éloigne en courant, ainsi que ses compagnes.


Scène II.

Resté seul, Djalma dégage son joli captif.

Le Papillon a les ailes et le corsage tout semblables à ceux de la servante métamorphosée.

Le Prince, pour garder le prisonnier qui se débat entra ses doigte et menace de lui échapper, s’approche d’un chêne de la forêt ; puis, retirant la longue aiguille d’or qui ornait sa coiffure, il place le Papillon au centre de l’arbre, lui traverse la corps de son aiguille, et le fixe ainsi sur l’écorce du chêne.

Mais, tout à coup il s’arrête, et recule avec effroi.

Le beau Papillon prend une forme humaine !…

La figure d’une femme, d’une jeune fille apparaît au milieu de l’arbre ; un corps svelte et gracieux s’y dessine ; mais les bras sont pendants, la tête penchée, les yeux pleins de larmes.

La vision, douteuse d’abord, devient, d’instant en instant, plus distincte et plus matérielle.

Le Prince arrache vivement, du sein de sa victime, le dard dont il l’a percée, et voit cette créature fantastique se détacher du chêne et venir s’affaisser sur un banc de gazon.

Djalma s’en approche tremblent ; mais celle-ci entr’ouvre les plis de son corsage, et lui montre, d’un air de reproche, la blessure qu’il lui a faite.

Le Prince, terrifié d’abord, l’examine avec plus de soin, et reste confondu en reconnaissant les traits de la jolie servante de la Fée.

A peine en croit-il ses yeux ; mais l’évidence est là… C’est bien la figure charmante de la jeune fille qu’il avait déjà vue !

Bientôt le papillon semble surmonter sa douleur ; il secoue ses ailes diaphanes, et prend son vol au travers des arbres de la forêt. Djalma court à sa poursuite.