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MARC DE MONTIFAUD


La salle de travail, à la Bibliothèque Nationale, est un lieu pittoresque, d’une indéniable singularité. Dans le Paris moderne qui, chaque jour, se transforme, s’enlaidit, s’américanise et dépouille, avec une sorte de hâte furieuse, le peu qui lui restait encore de ses vieilles beautés ; dans le Paris de l’automobile, du téléphone, de la cohue et du pavé de bois ; dans le Paris de la Foire à l’Argent et de la Foire aux Vanités, ce coin garde encore un aspect de quiétude affable, de calme provincial. On y parle à voix basse. On y met en pratique les règles de l’urbanité. C’est un refuge où l’on peut fuir la ville trépidante et le contact des gens affairés. Les habitués se reconnaissent entre eux, d’un signe, d’un rapide salut. Chacun a son fauteuil, son coin