Page:Tailhade - Quelques fantômes de jadis (1920).djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

suscitèrent dans la plupart de nos contemporains une profonde ivresse. Nous ne voulûmes d’autre maître ; sans distinction de parti ou de doctrine, épris d’un art si neuf, de ce lyrisme ardent et pur, nous entrâmes dans le sillage de Verlaine et suivîmes son étendard. Car on aime les autres poètes comme des amis, des confidents. Mais Verlaine, tous, nous l’aimons à la fois comme une maîtresse et comme un dieu.

Si quelques-unes des pièces écrites en Belgique, pour complaire, sans nul doute, à l’aumônier de la prison, sentent le Catéchisme de persévérance et le Mois de Marie, si parfois l’on y trouve des bouquets d’autel en papier peint, celles que fit jaillir le poète de sa douleur et qu’il proféra, comme dit Calderon, « par la bouche de ses blessures », atteignent les sommets de la beauté.

C’est là sa Divine Comédie et sa Consolation éternelle. Ici, plus de littérature, de développements oratoires ; nulle rhétorique, mais la flamme intérieure, le coup d’aile de Psyché montant au Paradis perdu. Les mots