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ALFRED POUSSIN


Celui-là fut un survivant de la bohème, telle que l’ont dépeinte Vallès et Murger, l’un, avec les couleurs tragiques de la réalité, l’autre, avec les roses et les bleus souriants d’une convention où se plaisent les bourgeois. Il y a vingt-cinq ans à peine, Alfred Poussin donnait au monde utilitaire d’à présent le curieux spectacle d’un poète nourri par son état. Sa misère en eût fait une sorte de Gringoire, plutôt que de Rodolphe, — car les pantins de la Vie de Bohème sont, avant tout, préoccupés d’aventures amoureuses ; — il eût couché sous les ponts, ne « voyant du pain qu’aux fenêtres », si la prudence normande, qui servait de trame à ses destins, n’eût permis à cet original de régler avec un ordre bureaucratique les hasards dont il vécut pen-