Page:Tailhade - Quelques fantômes de jadis (1920).djvu/99

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qu’elle ne pouvait tarder, que, par un mouvement de bascule inévitable et certain, le goût des jeunes hommes ne tarderait pas à s’orienter vers un art plus véridique, plus ému que celui du Parnasse, dont la veine épuisée et moribonde ne se maintenait guère que dans les sonnets fastueux et coruscants de Hérédia. Verlaine donc soignait ses amitiés, ne gardait ni mépris ni rancune aux compagnons qui, suivant l’usage, l’avaient abandonné quand il faisait scandale et méritait la réprobation du Bourgeois. Paysan madré, sous une apparence de bohème indécrottable, poor Lélian « soignait » l’Académie en la personne peu reluisante de Coppée. Il ne gardait pas rancune à l’auteur du Lys rouge, lui pardonnait Choulette, si bien que la protection d’Anatole France, amicale, souriante, efficace, lui faisait escorte jusqu’à son dernier jour.

Sa gloire éclata comme une aurore boréale, dans les cénacles de la rive gauche, quand parut, chez Vannier, une plaquette, d’ailleurs assez médiocre, les Poètes maudits. Ces poètes, Raimbaud, Corbière et Mallarmé,