Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/125

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rect. Il dessinoit surtout admirablement les portraits ; et jamais, dans ce genre, une tête sans esprit, sans noblesse et sans vie, n’est sortie de sa main. Le seul Titien peut lui disputer le rang du premier peintre de portraits ; ils ont l’un et l’autre autant de beauté, mais elle est différente : sa différence vient beaucoup de celle de leurs modèles. Titien a peint des Italiens, dont les traits ont le plus souvent un caractère noble, et dont la couleur est vigoureuse ; aussi est-il plus grand, plus sévère, plus imposant que son rival : les modèles de Van Dyck ont presque toujours été des Flamands, des Anglais, dont la couleur est riche et brillante, dont la peau a plus de transparence, plus de délicatesse que celle des Italiens ; de là vient que son coloris est plus brillant, que ses teintes ont plus de fraîcheur et plus de variété que celles du Titien.

Quand les portraits qu’il a peints cessent d’avoir une famille, ils n’ont pas moins d’amis ; et lorsque les âges les enlèvent aux appartemens, aux palais où ils prirent naissance et les entraînent dans des salles de vente, ils y trouvent une foule d’amateurs qui, sans s’occuper de leur ressemblance, se les disputent à l’envi, et donnent, avec joie, des sommes