Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/149

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rivale aussi belle et plus touchante encore ; soit qu’avec Galathée il effleure la surface des ondes ; ou que précédé de la terreur et de la mort, il s’élance au milieu des batailles, son génie est toujours également et facile et sublime ; et lorsque semblable à l’aigle il s’élève au plus haut des cieux, il y plane sans effort.

Il est admirable encore dans ses fameuses arabesques du Vatican, dans lesquelles réunissant tous les genres divers, ses pinceaux, en se jouant, laissent échapper les formes les plus heureuses et les plus variées, où les caprices légers de l’imagination prennent de la grandeur, de la noblesse et de la vie. Raphaël n’a point dans la couleur et le clair-obscur la même supériorité qu’il a dans la composition et le dessin ; beaucoup d’artistes cependant, fanatisés par son talent, font des éloges excessifs de sa couleur même ; ils ne veulent pas convenir que ses ombres sont noires et opaques, que ses chairs n’ont point l’éclat et la transparence de la nature, et qu’il s’est peu occupé de l’harmonie de la couleur et de la lumière : en convenant de ce qui lui manque, on n’affoiblit point son éloge ; c’est, au contraire, prouver l’excellence des parties qu’il possédoit, puisqu’elles ont suffi pour l’élever à la première