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LAIRESSE.


Lairesse est encore un des artistes dont l’École Française faisoit un dieu pendant le règne de Louis XV. Aujourd’hui sa divinité s’est bien humanisée ; mais quelles que soient les différentes manières exaltées dans les Écoles par les caprices de la mode, quelque passager que soit tout ce qui tient à cette inconstante et tyrannique souveraine, ce qu’il y a de véritablement bon dans un ouvrage est toujours senti, toujours estimé par les esprits justes ; et lorsque l’engouement n’existe plus, la postérité, au milieu de ce qui n’étoit qu’éphémère, sait bien connoître ce qui sera bon dans tous les temps. Quoique Lairesse ne doive pas être mis au premier rang des peintres, il aura toujours parmi eux une place très-distinguée. L’espèce de poésie animant ses ingénieuses productions est surtout ce qui le caractérise. Agréable dans toutes les parties de la peinture, il manque de vérité ; et son esprit séduisant n’est ni juste ni profond. Son coloris, souvent monotone et ne ressemblant pas toujours à la nature, a de la force et de l’harmonie. Son