Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/185

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chefs-d’œuvres de gravure ; mais s’il est arrivé au but de son art, en rendant avec précision, et par un travail large et facile, les beautés des originaux, le Brun aussi a bien rempli les devoirs d’un grand peintre, et c’est pour cela principalement que l’ouvrage de Gérard Audran est si admiré. Qu’on n’imagine pas que nous prétendions comparer le Brun à Piron : sans doute si le Brun n’eut fait que les batailles d’Alexandre, il auroit une extrême renommée ; mais quand il ne les auroit pas faites, il en auroit beaucoup encore ; si Piron n’étoit pas l’auteur de la Métromanie, il seroit très-peu lu ; et l’on ne le connoîtroit guère que par quelques épigrammes heureuses ou quelques vers orduriers[1]. Si le Brun n’eut pas produit les magnifiques compositions des batailles d’Alexandre, il seroit très-célèbre encore par beaucoup de productions fameuses ; sans parler de tous les ouvrages qu’il a exécutés à Versailles, il le seroit par le plafond de Sceaux, par le tableau de Méléagre, par celui du Martyre de Saint André, par cette Madeleine si vantée aux Carmélites, et qu’é-

  1. Son Gustave, ses opéras comiques ne sont plus joués, et sont à peine lus.