Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/19

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Sa couleur est admirable par la vérité, par la force, l’harmonie, et par je ne sais quoi de poétique qui séduit d’autant plus qu’il ne se trouve que dans ses ouvrages, et qu’on ne peut l’imiter. Sa belle entente du clair-obscur étonne aussi d’autant plus qu’on ne peut découvrir ce qui en fait la magie : personne n’offre mieux que lui cette beauté divine, que quelques-uns appellent idéale, qui ne se trouve que rarement dans la nature, et que le goût, l’instinct savent sentir, choisir et imiter ; il la présente sans paroître s’en être occupé.

On peut douter qu’il fût savant, et ses ouvrages semblent avoir, presque toujours, tout ce que cherche la science. Son maître fut si inconnu, qu’on dit qu’il n’en eût aucun ; il ne sortit pas de Parme et de ses environs ; s’il fut à Rome pour voir les ouvrages de Raphaël, son séjour n’y fut pas long, et son talent étoit alors formé ; il a bien peu étudié les restes de la belle antiquité ; les formes nobles de ses têtes enchanteresses ne ressemblent point du tout à celles des statues grecques : n’en doutons point, le charme extraordinaire de ses ouvrages vient de la manière gracieuse, neuve, grande, avec laquelle son