Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/208

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sorte d’amertume qui leur donne encore un nouvel intérêt. Source des plus doux parfums, richesse touchante du printemps, ornement de toutes les fêtes, elles sont les dons de l’amitié, de l’amour ; on les porte sur les tombeaux de ceux qu’on a chéris ; on les offre aux dieux comme aux simples bergères. Aussi représentent-elles au figuré ce qui nous enchante davantage ; et l’imagination orne de fleurs tout ce qu’elle veut embellir ; avec elles, l’éloquence nous charme ; en ouvrant les portes du jour, l’aurore les répand sur l’Univers ; elles parent Vénus, elles naissent sur les pas des Grâces ; la jeunesse est la fleur de l’âge ; la beauté, c’est une rose ; ce qui plaît, ce qui touche le plus, un ami, des enfans, une épouse qu’on aime, sèment de fleurs le chemin de la vie.

Van Huysum habitoit, à Amsterdam, une maison où y il avoit un jardin, asile paisible de ses modèles ; dans la ville et aux environs, on se faisoit un plaisir de lui apporter les plus belles fleurs ; souverain de ces sujets aimables, c’est au milieu de ce peuple brillant qu’il a passé sa vie. Eh ! quel monarque jamais dut être plus heureux que lui ? Tranquille, il a vécu dans une continuelle extase, devant les