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des peuples, et changé la face des Empires.

La Chapelle Sixtine est le plus vaste et le plus renommé de ses ouvrages en peinture ; dans la voûte, il a peint à fresque le grand ouvrage de la Création, et la plupart des événemens décrits dans l’Ancien Testament : c’est là que, sublime comme ses sujets, il a donné la mesure de la plus grande force de l’esprit humain. Ces images imposantes de l’austère religion des juifs, ce cortége effrayant et sacré des ministres d’un Dieu en courroux, ces sibylles, ces prophètes dont les bouches tonnantes annoncent l’implacable rigueur de ses vengeances, y sont représentés avec cette vérité surnaturelle que le seul Michel-Ange pouvoit rendre. Ce génie qui a si bien senti le terrible, qu’on eût dit qu’il lui étoit impossible de connoître un autre genre, a cependant peint les grâces, en représentant la Mère des Humains, sortant du néant à la voix de l’Éternel : ce ne sont point les grâces d’une race dégénérée, ce sont celles de l’épouse du premier des hommes, celles de ce modèle parfait de la force et de la beauté de son sexe, qui n’a souffert encore aucune altération, et qui est pur comme la main du Dieu qui le créa. Le