Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/217

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ses productions portoient l’empreinte de son fier et mâle génie. Il est placé par les meilleurs juges au premier rang des architectes modernes ; ils pensent que la grandeur et l’originalité des pensées doivent faire pardonner ce qu’on appelle défauts de correction. Michel-Ange avoit senti que pour arriver à la parfaite beauté de l’homme, on devoit bien connoître ce qui constitue sa forme, et que là rien n’étoit arbitraire : dans l’architecture, qui n’a point d’objet d’imitation absolument déterminé par la nature, il dédaigna de s’asservir aux règles faites d’après les beautés de ses prédécesseurs ; et créant un beau d’après sa manière de sentir, sans s’embarrasser d’entraves, il se laissa élever à la hauteur où le porta son génie.

On n’est donc pas étonné de sa renommée avec tant de titres pour la mériter ; on n’est pas étonné de la haute considération dont il a joui pendant sa vie. Le duc Cosme de Médicis fit exhumer son corps à Rome, pendant la nuit, et le fit transporter à Florence : à l’arrivée de cette dépouille illustre, la ville entière fut dans une extrême agitation, et l’on eût dit qu’elle tressailloit jusque dans ses fondemens ; la puissance, la