Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/228

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

soldats terribles. Deux de ces cartons font partie d’une suite intitulée, les Fruits de la Guerre ; ils offrent l’image trop vraie des maux attachés à ce fléau destructeur ; ils montrent aussi les formes fières et puissantes, les expressions féroces des peuples peu civilisés et nourris dans les fatigues : on y voit la vieillesse robuste de leurs pères, les beautés mâles, sévères de leurs femmes et de leurs enfans.

Il faut convenir que Jules Romain, qui paroît exagéré, et qui ne rend pas exactement les formes des hommes que nous voyons chaque jour, est peut-être le seul qui ait peint juste, mais en beau, la nature des peuples barbares ; il nous transporte au sein de leurs familles guerrières, l’épouvante de leurs voisins ; il nous transporte au milieu de leurs batailles sanglantes, il nous fait voir ces héros gigantesques, devenus fabuleux pour des nations affoiblies. Des peuples, en effet, que dès l’enfance on accoutumoit aux blessures, de qui toute l’occupation étoit la guerre, toute l’ambition la gloire de vaincre, toute la vertu le mépris de la mort, dont les épouses qui n’avoient pour dot qu’un coursier, une armure, combattoient et mouroient auprès d’eux ; de pareils peuples, dis-je, pouvoient-ils ressem-