Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/239

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pourroit presque dire, qu’il a donné une sorte de volupté aux peintures de la vertu. Avec son espèce de talent, il devoit sentir l’expression et s’en occuper beaucoup ; c’est aussi une des parties de la peinture qui ont assuré sa célébrité. Ses ouvrages ont aidé à prouver aux peintres d’histoire, qu’en quelque genre que ce soit, on n’intéresse jamais sans vérité et sans expression : peut-être, peut-on lui reprocher un peu d’affectation et quelque chose d’un peu théâtral : peut-être a-t-il représenté des paysans de drame, plutôt que les naïfs habitans des villages ; il intéresse cependant toujours malgré ce défaut, parce qu’il a de la véritable sensibilité, de la véritable chaleur dans l’âme : un acteur bien ému, bien pénétré du sentiment de son rôle, malgré quelques grimaces et quelques momens d’affectation, n’entraîne pas moins les spectateurs.

On peut le blâmer encore d’avoir cherché à imiter la nature avec des méplats trop uniformes et trop affectés, ce qui donne souvent à ses peintures l’air d’ébauches de sculpture : ce défaut est bien moins sensible dans ses ouvrages plus terminés, et disparoît tout-à-fait dans les plus beaux. Sa couleur est