Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/245

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taine dans une partie de son art qu’il doit la place que l’Europe lui a conservée.

Cette manière de Lanfranc conduit naturellement à plusieurs observations utiles peut-être à tous les arts : cette hardiesse d’exécution est, sans contredit, très-louable, principalement dans les travaux de décoration, où l’on n’aperçoit que de grandes masses bien décidées, où les détails doivent être indiqués d’une façon ferme, et plutôt dure que molle : la facilité de l’exécution est aussi un mérite dans les tableaux qui peuvent être vus de près ; elle en est un dans toutes les productions des hommes ; nous les admirons souvent d’autant plus qu’elles semblent avoir coûté moins de peine ; et beaucoup de gens sont portés à accorder plus de génie à celui qui produit plus promptement : cela ne doit être vrai, cependant, que lorsqu’il fait mieux que les autres ; et l’on a toujours raison de dire avec Molière : « le temps ne fait rien à la chose. » Cette manière rapide de peindre peut être envisagée sous un autre point de vue ; elle conduit aisément aux abus les plus dangereux ; elle habitue à faire consister le mérite essentiel de l’art dans ce qui tient à une chaleur plus matérielle que sentimentale ; dans ce qui