Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/269

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grand talent, quelque facile, quelqu’agréable qu’il soit, ne suffit pas pour conduire à la fortune, et que le mérite a souvent besoin d’employer d’autres moyens que lui-même, pour forcer les hommes à lui rendre justice. Hélas ! c’est à la postérité seule à qui l’on plaît sans aucune espèce d’intrigue.


JOUVENET.


Après le Poussin, Vouet, le Brun et le Sueur, tous les peintres de France marchoient sur leurs traces ; il sembloit qu’on ne pouvoit arriver au beau qu’en suivant les routes que ces hommes fameux avoient prises ; l’on avoit oublié, qu’on ne le trouve jamais en se traînant sur les pas des autres. Les jeunes artistes revenant d’Italie n’en rapportoient que des manières imitées, particulièrement imitées d’Annibal Carrache ; et les originaux que faisoient les plus habiles n’étoient guère que des copies. Le seul Jouvenet prit alors une marche nouvelle, et parmi une foule de peintres savans, il est presque le seul qui ait produit de beaux