Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/41

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bizarre qu’il l’a fait, les traits historiques et élevés, et les tableaux de la religion catholique, qui exigent toujours de l’onction et de la dignité. Plus il y a de figures dans ses tableaux, plus ils en imposent par l’ensemble de la scène et la richesse des accessoires. Sa touche ferme et rapide qui tient de celle de Teniers, rend la nature avec beaucoup de justesse et de feu : son coloris est vigoureux et brillant ; il est encore rehaussé par des draperies de soie de couleur écarlate, et souvent enrichie de broderies d’or. Son dessin a de la vérité, et même une sorte de noblesse et de grâce, quand il en trouvoit dans ses modèles ; mais il les copioit sans choix et sans exaltation.

Quelque sujets qu’il ait traités, il a toujours peint les Vénitiens, ou les Orientaux qu’il voyoit à Venise, et dont les riches costumes flattoient l’amour qu’il avoit pour la magnificence. Il les plaçoit dans des lieux d’une architecture hardie, singulière, en usage de son temps, et qui ne convenoit point aux sujets qu’il peignoit. Ses ornemens, ses vases, tous ses accessoires toujours riches, étoient vraisemblablement dans le goût adopté alors à Venise.

Depuis que nos armées triomphantes ont