Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/50

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a parfaitement sentie. Souvent il rappelle cette aimable philosophie tant chantée par Chapelle, Lafare et Chaulieu, et qui les faisoient, le verre à la main, se consoler, le mieux qu’ils pouvoient, de la brièveté de la vie.

La poésie vive et gaie de ses ouvrages peut se comparer à celle des troubadours ; dans ses tableaux on croit les voir eux-mêmes suivis de leurs jongleurs. Il nous peint les coureurs d’amoureuses aventures, ceux qui, armés de mandolines, alloient sous des fenêtres préparer par une romance une périlleuse escalade ; les amans généreux qui vouloient vaincre les cœurs des belles par des fêtes brillantes ; et ces juges des Cours d’amour, décidant avec tant de gravité de si plaisantes questions. Il nous transporte quelquefois dans ces temps de la galante et pieuse chevalerie, où l’honneur faisoit souvent un devoir de se déguiser pour sa maîtresse et pour son Dieu.

Ses paysages ne sont pas exactement vrais, ils tiennent un peu de ceux des décorations de théâtre ; et ils intéressent cependant beaucoup par leur couleur et leurs formes magiques : doux et mystérieux asiles de la volupté, ils ressemblent à ces pays enchantés, créés par de bienfaisantes fées, qui n’ont employé