Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/62

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enthousiasme, et sans beaucoup de génie.

On pourrait l’appeler le janséniste de la peinture ; les savans de Port-Royal ne pouvoient être peints par un artiste qui sentît mieux que lui leur véritable physionomie : aussi, un de ses tableaux les plus estimés est cette Cène, où, sous la figure des apôtres, sont offerts ensemble ces solitaires également célèbres par leur savoir et par leur piété ; cet ouvrage inspire beaucoup d’intérêt à cause de ceux qu’il représente, et de la simple vérité avec laquelle ils sont représentés. Personne, peut-être, n’a donné plus de relief aux objets qu’il a peints ; personne n’a mieux modelé des draperies ; il l’a mieux fait que Lesueur, Raphaël et le Poussin ; mais il n’a pas saisi leur mouvement comme eux ; il n’a pas senti comme eux, cet ordre, ce bel agencement qui donne à des plis, de la grâce, de la grandeur, et pour ainsi dire, une sorte d’âme ; il les a imités comme on imite la nature morte ; sa couleur est très-belle, elle a beaucoup de vérité et une physionomie qui lui est particulière ; c’est la partie de la peinture où il a le mieux réussi.

On oseroit hasarder de dire que Champagne auroit plus de réputation, s’il n’eût peint que