Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/64

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tune, et placée maintenant au palais du Luxembourg. Ses deux grands tableaux exposés au Muséum, et placés autrefois à Saint Gervais, sont au nombre de ses meilleures et de ses plus célèbres productions ; elles réunissent, en effet, de très-grandes beautés.

Modèle des vrais artistes, Champagne n’eut jamais d’autre divertissement que le plaisir d’exercer son art, et d’autre ambition que celle d’y réussir : le cardinal de Richelieu lui ayant fait demander ce qu’il pouvoit faire pour lui, on sait qu’il répondit à cette puissante Éminence : « qu’elle ne pouvoit pas le rendre plus habile peintre ; et qu’en conséquence, il ne désiroit d’elle que l’honneur de ses bonnes grâces. » Sa vertu, sa modestie, sa piété, son amour pour le travail, lui donnent beaucoup de ressemblance avec le Guerchin.

Malgré ce qui leur manque, ses tableaux seront toujours considérés, vantés ; ils survivront à une foule d’ouvrages, qui, présomptueux enfans de la mode, ont eu les plus brillans succès : s’ils n’ont pas toute la vérité à laquelle l’art puisse atteindre, ils en ont assez pour mériter, en tous les temps, l’estime des vrais connoisseurs ; on en voit tenir une place honorable dans les plus riches cabinets ; ils