Page:Taillasson - Observations sur quelques grands peintres, 1807.djvu/76

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leur justesse de mouvement, énergie d’exécution, il a tout réuni. C’est aussi un de ces caractères distinctifs d’avoir pu joindre l’énergie à la naïveté. D’autres ont fait des vaches, des bœufs, des moutons bien dessinés, bien coloriés, bien peints ; lui seul les a rendus touchans, et lui seul a bien saisi leur sorte d’expression, la physionomie de leur âme, et tout l’esprit de leur instinct. On admire les troupeaux de Berghem, de Van den Velde, de Carle du Jardin ; ceux de Paul Potter attendrissent : on reconnoît les soins qu’ils ont pris de leur poil où le fumier s’attache quelquefois, et en les fixant long-temps, on croit sentir leur odeur.

Il n’a point fait ces chevaux brillans, fiers de leurs riches harnois, qui dans le faste et l’esclavage, ont pris l’orgueil de leurs maîtres corrompus ; il n’a point fait ces coursiers généreux qui s’élancent de leurs gras pâturages, au bruit des clairons et des trompettes, pour voler au milieu des hasards ; mais il a peint, avec la plus attachante exactitude, ces bons chevaux, si utiles aux travaux rustiques, dont le poil n’est point lustré sans cesse par des peignes de fer, et qui ont la parure, les mœurs et la simplicité des hommes qui les nourrissent.