Page:Taine - Carnets de voyage, 1897.djvu/206

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tion de l’an 1100 était un mélange de précocité, de polissonnerie, d’extravagance. — On comprend qu’ils aient reçu d’ailleurs une discipline et des maîtres. Moineaux délurés, sautillants, impertinents, imprudents, bons pour babiller, donner des coups de bec, lisser leurs plumes, courtiser les femelles, avoir bon air et entrer en cage. — Comme l’Italie, c’est un pays tombé, qui reste en arrière des autres, et ne remonte au niveau des autres que par le contact d’une administration ou d’une civilisation étrangère.

Nulle part la vraie Française hardie, caquet bon bec, mais pimpante, à jolie tournure, à démarche alerte et rythmée, n’apparaît mieux qu’ici. Je reviens toujours à la même conclusion. Dans le Midi, il ne faut vivre que par les sens, en peintre : aimez une jolie taille de femme bien habillée, un visage rieur sous des cheveux noirs, une puissante ombre au bas d’un long mur grisâtre qui tranche dans l’azur vif, une délicieuse grappe de raisin qui fond comme du miel dans la bouche ; mais supprimez tout le dedans, toutes les rêveries tendres ou profondes.

Un mendiant ici mange du bon raisin bien