Page:Taine - Carnets de voyage, 1897.djvu/214

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d’architecture, on aperçoit la forêt des mâts ; deux grands ports se creusent sur la droite.

C’est la plus florissante et la plus magnifique des villes latines. Depuis les jours éclatants d’Alexandrie, de Rome ou de Carthage, on n’a point vu pareille chose sur le rivage de la Méditerranée. Vraie cité méridionale et maritime comme en fondaient les anciennes colonies ; un port et des rochers nus, point d’eau ni d’arbres ; pour tout spectacle, la mer bleue éclatante et les lignes âpres des montagnes baignées dans la lumière. — Au dedans, une fourmilière active et joyeuse ; de superbes maisons pompeuses, des cafés splendides lambrissés de glaces et de peintures ; des robes de soie lustrées frôlant la poussière des rues, des filles fortes et belles à l’air hardi et fier, des voitures vernissées, luxueuses, lancées au trot de chevaux fringants et pimpants. Le soir, vingt grandes allées sombres où les platanes vivaces étalent leurs branches et s’allongent en haies, entre eux des fontaines jaillissantes et sous les lumières une foule serrée, bruissante, qui parle et gesticule parmi des foires, des casinos, des cafés chan-