Page:Taine - Carnets de voyage, 1897.djvu/319

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ques. C’est la même idée que les tableaux du Campo Santo ou de Simone Memmi. Plusieurs têtes font penser à l’antique ; de même les ajustements : certains personnages sont habillés comme les rois daces du IIIe siècle ; divers saints en belles toges et robes à plis. Par contre, ils font presque tous piteusement la grimace, c’est l’expression qui envahit la sculpture. — Partout un croisement étrange du gothique et de l’antique.

Impossible de voir l’extérieur, il est tout encastré dans des maisons. — Mais du cloître Saint-Trophime on distingue un haut clocher carré à quatre étages. Cette solide forme massive change toute l’impression ; on se sent en pays méridional.

Le cloître lui-même est un des plus étranges monuments qu’on puisse voir. C’est un promenoir autour d’un gazon carré, portant les marques de plusieurs siècles. Rien de plus lourd que ce pesant mur de pierre, cette grosse voûte cintrée portée par des couples de fines colonnettes ; l’architecte ne sent plus les rapports et les proportions et tâtonne à rebours entre ses